Les visages du passé des femmes Chin
Gardiens de troupeaux de vaches, Mrauk-U, Etat d'Arakan
Texte et photos : Tom Vater - Traduction : Laure Siegel
“J'ai été tatouée il y a 60 ans. A l'époque, les femmes Chin se faisaient tatouer le visage pour éviter de se faire enlever et violer par les seigneurs birmans puis l'armée japonaise. Mais dans notre communauté, nous considérons que ces tatouages sont très beaux. Après l'indépendance, les Birmans nous ont interdit cette pratique. Si nous continuions à marquer nos visages, nous étions punies. Ils voulaient nous assimiler, qu'on devienne des vraies Birmanes” résume Ma Aung Seim, 71 ans, membre de l'ethnie Chin.

Ma Aung Seim, village de Chic Chaung, Etat d'Arakan
Malgré l'extraordinaire diversité de la Birmanie, il est devenu très rare de rencontrer des membres de minorités ethniques portant des tatouages tribaux. Après son éradication par les colonisateurs et missionnaires britanniques jusqu'à l'indépendance en 1948, puis par l'armée birmane depuis les années 1960, cette tradition est sur le point de disparaître. Parmi les dernières traces visibles de cette tradition qui a un jour représenté une identité culturelle unique, les tatouages faciaux des femmes Chin. Reportage dans les villages du nord du pays, entre tensions communautaires et passé douloureux.
La région Chin
Pour se rendre dans la région Chin, il faut passer par l'État de Rakhine, à la frontière avec le Bangladesh, dans le nord-est de la Birmanie, au-delà des principaux sites touristiques de Rangoun, Bagan, Mandalay et le lac Inle. A l'été 2012, Sittwe, la capitale du Rakhine, a explosé à plusieurs reprises lors de pogroms racistes de la majorité bouddhiste Arakan contre la minorité musulmane Rohingya. Des centaines de personnes ont été tuées, violées et torturées, des mosquées et des communes ont été anéanties et des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées. Mais ce n'était que le début d'une Birmanie qui retombait au cœur des ténèbres.
Malgré la victoire électorale du prix Nobel Aung San Suu Kyi en 2015, qui a suscité l'espoir d'une transition démocratique pacifique, de nombreuses minorités ethniques restent en guerre contre le gouvernement birman. Plus de 700 000 Rohingyas ont fui au Bangladesh à l'automne 2017, suite à une campagne de terreur et de nettoyage ethnique menée par le Tatmadaw, l'armée birmane soutenue par une grande partie de la population et la Ligue nationale pour la démocratie, le parti au pouvoir d'Aung San Suu Kyi.
Après un demi-siècle de régime militaire, un peuple nationaliste en colère a utilisé sa toute nouvelle liberté d'expression contre une minuscule minorité. À bien des égards, ce n'était pas nouveau. L'assimilation violente et impitoyable de certaines des 130 minorités birmanes était déjà pratiquée par les Britanniques et les militaires birmans depuis deux siècles.

Militaires birmans, Mrauk-U, Etat d'Arakan
Aux bordures du pays, de nombreux conflits entre l'armée birmane, composée en grande partie de membres de l'ethnie majoritaire Bamar, et des factions ethniques n'en finissent pas depuis six décennies. Au-delà du racisme assumé du groupe dominant envers les autres minorités, la guerre civile la plus longue au monde a diverses raisons : lutte pour l'autonomie, accès aux ressources naturelles, exploitation des territoires.

Femme Chin, Chic Chaung Village, Etat d'Arakan
Et le tatouage dans tout ça ? Au coeur du casse-tête birman, réside l'identité ethnique, qui a façonné l'histoire du tatouage en Birmanie.
En 221-206 av. J-C, la dynastie chinoise Qin laisse des écrits mentionnant la présence de tatouages au sein des minorités Lue et Yue de la région du Mékong. Les tatoués étaient piqués pour chasser les mauvais esprits et ornaient leurs jambes de démons et de serpents. Peut-être le Naga d'origine sanskrite, un symbole reptilien vénéré par les hindous, mais également les jains, sikhs et bouddhistes.
Plus tard, au sixième siècle, des prêtres brahmins, face à la poussée du bouddhisme dans le sous-continent indien, envoient des émissaires de l'hindouisme en Asie du sud-est pour prêcher dans de nouveaux territoires. Ils apportent des yant avec eux, ces diagrammes magiques utilisés pour la méditation, dessinés ou sculptés dans du bois, métal, tissu. Chemin faisant, les yant ont commencé à être transférés sur la peau des gens et la pratique n'a plus jamais disparu. Dans la Thaïlande voisine, la tradition du sak yant, le tatouage sacré, a connu une forte résurgence ces dernières années.
Femme Chin, Chic Chaung Village, Etat d'Arakan
La communauté Shan
En Birmanie, la minorité Shan apparaît comme la première communauté à s'intéresser au tatouage, grâce à ces deux influences venues du sud de la Chine puis du sous-continent indien. Comme les Lue et les Yue, les Shan se tatouaient principalement en-dessous de la taille. Le tatoueur était aussi le chaman local, qui appliquait des motifs sacrés en utilisant une longue aiguille en bois et des encres naturelles. Souvent, les adeptes divaguaient dans les vapeurs d'opium dans l'espoir de réduire la douleur du rituel, qui se déroulait en plusieurs sessions sur une longue période.
Le bouddhisme est présent en Birmanie depuis le 3e siècle et l'école theravada en est la religion dominante depuis le 11e siècle, remplaçant peu à peu les croyances animistes. Selon les préceptes du bouddhisme, le corps humain est divisé en douze parties. Chaque tatouage sacré est appliqué sur une partie bien spécifique du corps. Dieux hindous, figures bouddhistes, mantras et diagrammes se placent sur le dos, les bras et la tête. Créatures mythologiques et animaux de l'Himavanta, la forêt au pied du mont Meru dans la mythologie indienne ornent les épaules, la gorge et les oreilles. Paons et geckos tatoués autour de la taille favorisent la puissance sexuelle, tandis que les tatouages aux chevilles protègent des morsures de serpents.
Ma Aung Seim, village de Chic Chaung, Etat d'Arakan
Entre le 14e et le 17e siècle, les Shan font découvrir la pratique du tatouage aux Bamar, qui peuplent le centre du pays. Depuis, d'autres traditions ont émergé dans les 130 groupes ethniques du pays, 50 d'entre eux étant Chin. Mais au 19e siècle, les colons et missionnaires britanniques, dans leur volonté de créer une identité coloniale nationale, font la guerre au tatouage. Pour la petite histoire, Georges Orwell, l'auteur de la trilogie dystopique “Une histoire birmane”, “La ferme des animaux” et “1984”, s'est fait tatouer les mains lors de ses années de service dans l'armée de l'Empire des Indes. Une façon de signifier sa défiance envers une société coloniale qu'il haïssait à cause de l'exploitation des populations et territoires locaux. La deuxième attaque à charge a lieu après l'indépendance du pays en 1948. L'ethnie dominante Bamar veut imposer sa version de l'unité nationale aux autres ethnies et pour les détourner du tatouage tribal, le gouvernement central rend cette pratique illégale.


Qu'en reste t-il aujourd'hui ?
Après un voyage de huit heures en bateau sur la rivière Kaladan, Mrauk-U se découvre. Un lieu merveilleux, presque trop beau pour être décrit. Les ruines de l'ancienne capitale de l'Arakan, qui dominait la région entre le 15e et le 18e siècle, apparaissent entre les maisons du village et les rizières. Mais l'endroit n'est pas aussi calme qu'il en a l'air. Dans les collines autour de Mrauk-U, les militaires birmans patrouillent. Autour des chedis couverts de mousse qui pointent dans la végétation dense, des hommes lourdement armés se tapissent dans l'herbe, à la recherche de “terroristes”. Un concept flou qui désigne la minorité la plus impopulaire du moment, les musulmans, et plus particulièrement les Rohingyas.
Les militaires sont appréciés ici, malgré la discrimination envers les locaux depuis des décennies. La fameuse stratégie de “diviser pour mieux régner” fonctionne dans la nouvelle Birmanie libre, où une population appauvrie et frustrée est encline à désigner des boucs émissaires. “Ils sont là pour protéger la ville en cas d'attaque des musulmans” explique avec conviction Michael, un guide local.
Enfant dans une maison du village de Chic Chaung, Etat d'Arakan
Pour atteindre l'Etat Chin et échapper à cette lourde atmosphère de tensions communautaires, il faut continuer à naviguer vers le nord. Aujourd'hui encore, certains Chin, d'origine tibéto-birmane, sont animistes. Mais la pression des colons anglais et du gouvernement bouddhiste birman a causé l'exil d'un grand nombre d”entre eux vers le Bangladesh et l'Inde. Le long de la rivière Lemro, des villages dilapidés s'alignent sur les bancs de la rivière érodés, où des gamins nus nous regardent passer avec horreur et fascination pendant que des femmes lavent leurs corps et leurs haillons dans l'eau boueuse.
Toilette de femmes le long de la rivière Lemro, Etat d'Arakan

Construction de bateaux le long de la rivière Lemro, Etat d'Arakan
Quelque part à l'embranchement de la rivière, débarquement à Chic Chaung. Ce n'est pas un endroit joyeux. Les locaux ont été priés de se convertir au bouddhisme à marche forcée mais n'ont pas été gratifiés d'infrastructures médicales, d'eau courante ou d'électricité. Allongée dans une hutte, une jeune femme souffre d'une infection ovarienne et n'a pas assez d'argent pour aller vers le sud et consulter un docteur. Une voyageuse américaine présente au même moment dans le village se trouve être médecin. Elle opère la femme sur place, avec un équipement minimum et sans anti-douleur. J'ai clairement atteint une sorte de frontière.
En s'aventurant dans les allées, les femmes âgées apparaissent sur les perrons de leurs huttes. Une grande partie d'entre elles ont le visage entièrement tatoué, curiosité locale qui attire quelques touristes par an dans ce village aux frontières du monde connu. Ma Aung Seim est la première à s'exprimer : “Aujourd'hui j'ai honte de ces tatouages. Le gouvernement nous dit que c'est laid et archaïque. J'ai été tatouée à dix ans. Tout ce dont je me souviens est la douleur”. Les motifs géométriques estompés se fondent pratiquement dans les traits profonds de son visage.


Michael, le guide local, affirme que ces tatouages n'ont aucune signification religieuse, esthétique ou culturelle : “Ces femmes ont été tatouées pour détruire leur charme et éviter qu'elles ne soient kidnappés par les rois d'Arakan ou les Japonais. Pendant la Deuxième guerre mondiale, les Japonais voulaient utiliser les Birmanes comme “femmes de confort” mais ces tatouages les ont rebutés”. L'origine de cette tradition est inlassablement répétée par tous les guides touristiques de la région : Un jour, un roi birman a pris pour femme une très belle dame Chin et l'a emmené dans son palace. Mais la mariée était malheureuse et s'est échappée. Pour flouer les hommes lancés à sa poursuite, elle a gravé des lignes au couteau dans son visage, devenant ainsi méconnaissable et repoussante aux yeux des puissants.
Mais cette légende cache d'autres vérités ancestrales, qui ont simplement été oubliées et les guides birmans comme Michael, se sentant supérieurs aux minorités ethniques, n'hésitent pas à imposer leur propre version de l'histoire des femmes Chin. Ces mêmes femmes grâce à qui il tire un revenu substantiel pendant la saison touristique. “Ces femmes ne sont pas éduquées. C'est pourquoi elles ne savent rien” insiste t-il. Mais il reste des archives, qui ont permis d'identifier plusieurs motifs distincts. Pa Mae recouvre entièrement le visage, oreilles et paupières incluses. Pa Pyouk parsème le visage de points noirs. Pa Khyaung consiste en huit lignes sur chaque joue. Pa Kyar est identifiable par quatre lignes et quatre points sur les joues tandis que Pa Wine mélange cercles et lignes.


Femmes Chin : signification
Aujourd'hui, les femmes du village ne se souviennent pas de la signification précise des incroyables marques sur leurs visages. Ma Aung Seim explique : “Nos tatoueurs sont morts depuis longtemps. Nos enfants et petits-enfants pensent que cette pratique est stupide. Ils veulent être modernes. Quand nous mourrons, la tradition mourra avec nous”. Malgré la confusion autour de cet héritage, elle et ses amies restent fières de leurs tatouages. “Quand nous étions jeunes, les filles avec des tatouages étaient considérées comme très attirantes par les hommes du village”. Cette contradiction entre la fierté et la honte n'est qu'un des résultats du matraquage chauviniste des Birmans contre les minorités ethniques et de la répression du gouvernement. Une loi toujours en vigueur punit les familles Chin si elles tatouent leurs filles en faisant saisir leur bétail par l’Etat.


Chaque village du coin est un simple amas de huttes en bambou et en rotin sur pilotis, les dessous des habitations étant squattés par des poulets, des cochons et des enfants sous-alimentés à l'air malade. L'école est une baraque délabrée avec des trous dans le sol assez grands pour avaler un enfant. Le professeur est un adolescent qui a loupé son diplôme deux fois. Il aboie sur les enfants, tous Chin, en birman, et ils lui hurlent dessus en retour. Dans quelques années, il ne restera plus grand-chose de leur culture. Interrogée sur les changements que l'ère moderne apporte, Ma Aung Seim lâche simplement : “Plus haut sur la rivière, des milliers de travailleurs chinois sont en train de construire un barrage”. Un projet qui met en danger ressources, population et territoires de la région et dont personne ici n'a la force ni les moyens de s'y opposer.
Je quitte le village avec l'amer sentiment qu'il est trop tard, que le moment pour ces Chin est passé. Ils ont été assimilés sans opportunité et leurs tatouages parlent d'une histoire presque oubliée et certainement étouffée. De retour à Rangoun, la capitale économique du pays, je rencontre Jerry Ink dans son studio. Le jeune homme est mi-Chin, mi-Shan et a prévu de voyager dans l'Etat Chin pour faire des recherchers sur les tatouages de ses ancêtres. “Le tatouage est très populaire parmi les jeunes Birmans. J'espère trouver des traces de cette tradition dans ma région natale. Je veux réintroduire les Birmans à leur passé”. Il va devoir se dépêcher.







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ATC TATTOO
Sri Lanka, larme de l'Inde
Texte : Laure Siegel / Photos : Tom Vater
De vieux textes cinghalais mentionnent que certains rois du Sri Lanka, la grande île de l'océan Indien, étaient tatoués. Mais la religion, la guerre et la modernisation ont porté un coup d'arrêt à cet art. Aujourd'hui la scène tattoo est un grand mot : quelques tatoueurs de rue indiens et une dizaine de shops dans tout le pays, dont ceux de Ravi, Dimmu et Roanna, une poignée d'artistes bien déterminés à s'émanciper.





En 2014, une infirmière britannique a été incarcérée et déportée du Sri Lanka pour "atteinte aux sentiments religieux d'autrui". Elle portait un tatouage de Bouddha sur le bras, un motif que la plupart des pays de l'Asie du sud et du sud-est n'acceptent pas de voir gravé sur la peau. Wan Nishshanka, alias Ravi, 33 ans, dirige la seule boutique de tatouage à Kandy, cité sacrée au centre de l'île émeraude qui héberge le fabuleux Temple de la Dent. "Quand je tatoue des motifs religieux ou officiels, comme le lion ou le drapeau, nos symboles nationaux, je ne poste pas les photos sur les réseaux sociaux. Je n'ai pas envie de rentrer dans des débats stériles avec des nationalistes conservateurs qui croient détenir la vérité sur le bouddhisme. Je suis un bouddhiste pratiquant et quiconque aime le Bouddha devrait pouvoir se faire tatouer ce en quoi il croit. Le Bouddha n'a jamais dit que c'était interdit, c'est juste considéré comme un truc de gangster. La dernière fois que j'ai atterri à l'aéroport de Colombo, ils m'ont gardé une heure à l’immigration..."

Ravi, de dresseur canin à tatoueur au Sri Lanka
En 2004, Ravi doit abandonner une première carrière où il s'occupe du design d'autocollants, lorsque la mafia locale détruit son magasin et le passe à tabac. Le jeune homme enchaîne les petits boulots pour nourrir son frère, dont il a la charge depuis que sa mère est allée travailler en tant que domestique en Arabie Saoudite. "J'étais dresseur de chiens, je jouais dans des groupes de blues. On vivait dans une petite maison, une pièce avec nos deux matelas et une petite cuisine".


Une machine à tatouer, fabriquée "maison"
Puis Ravi se fabrique une machine avec un petit moteur et commence à piquer ses copains à domicile pour vingt roupies (0,12 euro) avec des encres textiles. "J'ai toujours aimé les tattoos et les piercings, sans en avoir jamais vu. A l'école, je dessinais tout le temps sur les tables. A dix ans je me suis percé les oreilles avec une épine de tilleul. Normalement ce sont les filles qui se font percer mais ma mère n'a rien dit alors j'ai gardé mes oreilles percées."
Au Sri Lanka, et plus particulièrement dans les communautés qui vivent autour des plantations de thé, les nouveaux-nés sont au centre de trois cérémonies : l'attribution du prénom (Peyer Vaithal), le rasage de la tête (Modai Adithal) et le perçage des oreilles pour les petites filles à trois mois (Kaathu Kuthu/Thoodu kuthuthal).
En 2008, un touriste anglais utilise son compte eBay pour aider Ravi à acheter un Six Tattoo Guns, un kit de tatouage chinois. "J'y ai investi 35 000 roupies (210 euros), soit toutes mes économies mais je me suis retrouvé avec la seule machine de Kandy. Ma popularité a bondi d'un jour à l'autre et j'ai voyagé partout sur l'île pour tatouer." Il ouvre rapidement son propre studio avec son frère, Sudesh. "Je ne savais rien sur le milieu alors j'ai acheté le livre "Tattooing A to Z" de Huck Spaulding, la Bible du tatouage."


Ravi fouille Internet et trouve ses inspirations dans les travaux de Dan Smith, Bob Tyrrell ou encore Dmitriy Samohin, mais tente d'y intégrer un style traditionnel sri lankais. Une de ses dernières pièces représente Gajasingha, une créature hybride de la mythologie du sud-est-asiatique, au corps de lion et à tête d'éléphant.
Sa clientèle se compose à moitié de touristes en quête d'un souvenir de voyage - un lion, un éléphant, une fleur de lotus. "J'aime tatouer mes clients étrangers avec du American Old School ou des dessins basés sur nos fameuses sculptures en bois."
"Mes clients locaux veulent surtout des portraits de membres de leur famille ou des tattoos de Polynésie ou de Samoa, un style rendu populaire par les joueurs de rugby et de cricket. Le tribal tient bien sur nos peaux sombres."
Depuis deux ans, la moitié de sa clientèle est féminine : "Le mode de vie des femmes change, elles bénéficient de plus d'ouverture au monde grâce aux écoles internationales et aux bourses pour aller étudier à l'étranger et elles ont toutes Facebook. »


Dimmu Fernando
Tout en parlant, Ravi couvre le torse de Dimmu d'une immense représentation du dieu hindou Vishnou, protecteur de l'univers. Dimmu Fernando gère un shop dans la banlieue de Colombo depuis 2011. "En 2008, je suis rentré dans le shop de Suren Fernando, un homme qui a fabriqué son propre gun au début des années 2000 et s'est lancé avec ses maigres ressources. Cela faisait des années que je gribouillais et créais des dessins animés. Il m'a embauché sur le champ pour dessiner les motifs et j'ai repris son shop quand il a émigré en Angleterre. J'ai assisté aux cours de l'académie d'art de Colombo pendant quelques mois et j'ai appris à dessiner des crânes avec méthode, mais c'est tout. »

Avant, Dimmu était guide touristique dans un hôtel et s'endormait tous les matins au comptoir car il passait ses soirées à jouer du black metal. "Pour moi c'est idéal car je peux enfin concilier mes passions, le tattoo et la musique."
Pendant dix ans, Dimmu a été bassiste dans le groupe "Funeral in Heaven", dont les chansons parlent de l'histoire, de la culture et de la guerre civile qui a déchiré le Sri Lanka jusqu'en 2009, après plus de 25 ans d'un sanglant conflit entre les forces gouvernementales et les Tigres tamouls.


"Au début, je voulais être riche et célèbre grâce au tattoo. Maintenant, c'est juste un moyen de financer mes voyages et d'aider ma communauté. Je ne comprends pas les types qui ne veulent pas partager leur savoir, ou seulement à leurs proches, le tattoo n'appartient à personne, c'est un art populaire qui ne doit pas rester entre les mains d'une petite clique. Si quelqu'un veut apprendre dans ce pays, moi je lui apprends. C'est une façon de donner du pouvoir aux jeunes, de leur offrir un moyen de mener la vie qu'ils veulent, d'être financièrement indépendant et de se sentir valorisé." Etre un tatoueur professionnel au Sri Lanka reste un défi : " La moitié de l'argent que je gagne au shop part dans l'achat de matériel. Sur Internet, les frais de port sont aussi chers que le coût du matériel alors j'essaie d'aller me fournir à Bangkok".


Le jeune homme, surfeur enthousiaste, est aussi un yogi accompli. En 2010, il renie son éducation dans une pension catholique, se convertit à l'hindouisme et devient végétarien. "Je suis passionné par l'Inde. J'y retrouve la vie simple, avec les animaux, je joue avec les vaches comme pendant mon enfance. Historiquement et culturellement nous formons un seul pays avec l'Inde et c'est une grande inspiration pour moi."
Quand Dimmu part en Inde perfectionner sa pratique du yoga, avec comme projet ultime de l'enseigner dans les prisons sri lankaises pour faire baisser la violence carcérale, c'est Roanna qui tient la boutique.

Roanna Webster, 24 ans, a été l'apprentie de Dimmu pendant trois ans avant de s'installer en Californie où elle a travaillé chez Touch of Ink à Bakersfield. "Le marché aux États-Unis est saturé. Je n'ai pas l'impression que je puisse apporter grand-chose à ce pays. Je suis revenue au Sri Lanka pour être proche de ma famille et pouvoir contribuer à la contre-culture locale." Musicienne professionnelle, elle joue aussi du violon et du violoncelle dans un orchestre.


A 18 ans, Roanna est entrée dans une école d'aviation car elle rêvait d'être pilote de ligne et de voyager éternellement. Mais elle a arrêté au bout d'un an et demi. "Je ne peux pas passer mon temps à étudier et transiter d'aéroport en aéroport, je veux vivre." Alors Roanna est rentrée chez elle, a ouvert une pizzeria et a fini son apprentissage. L'Inde, et notamment la convention de New Delhi, lui a également laissé une forte impression : "Mon corps est une collection de pièces par mes amis artistes, comme Vikas Malani (Body Canvas, Delhi) qui a couvert mon dos. Les gens me fixent mais sont trop polis pour dire quoi que ce soit. En tant que seule artiste féminine dans le pays, je pense vraiment que je peux faire une différence. La guerre est finie, les touristes reviennent, l'avenir est prometteur."
INFORMATIONS :
Ravi
Dimmu Fernando
Roanna Webster










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ATC TATTOO
Indian Ink : Chapitre 5 - Bombay Boys Sameer & Eric
Texte : Laure Siegel / Photos : Tom Vater
Autour d'une soupe à la cervelle de chèvre, nous avons retrouvé les tatoueurs Sameer Patange et Eric Jason D'Souza à Bhendi Bazar, le quartier musulman de Bombay en pleine effervescence pour le premier soir du Ramadan. Artistes accomplis et renommés, ils esquissent les contours du futur du tattoo en Inde, au-delà des clichés.


Le futur du tatouage en Inde
Tous les ans au mois de septembre, le quartier huppé de Bandra se transforme en une immense foire, pour une semaine de festivités en l'honneur de la Vierge Marie. Eric s'y est fait encrer pour la première fois à douze ans, une croix sur la main. "Mes parents sont des catholiques romains originaires du Karnataka. Je ne suis pas pratiquant mais je me considère encore de culture chrétienne. En Inde, la plupart des gens commencent par un tattoo religieux, Lord Shiva pour les hindous, Jésus pour les chrétiens."
A quatorze ans, Sameer est plus branché black metal et s'offre le même motif que Phil Anselmo, le chanteur de Pantera, sur le bras. "Quand je suis rentré à la maison, mes parents m'ont foutu dehors. J'ai erré dans la rue pendant trois jours puis je suis tombé sur mon père qui me cherchait. Il m'a dit de rentrer et de ne pas prendre au pied de la lettre tout ce qu'il me disait..."


Sameer, 36 ans, rappelle le contexte : "Il y a une grande fracture entre l'Inde ethnique et l'Inde urbaine. Dans les villes, jusqu'à la fin des années 80, ce ne sont que les gangsters, les junkies et les gens de la rue qui se tatouaient. Personne ne voulait être assimilé à ça." Mais dès qu'ils ont pu gérer la pression sociale et financière d'un tel choix, lui et Eric se sont engouffrés dans le tattoo, y voyant une opportunité bénie de pouvoir vivre de leur passion. "J'étais joueur de soccer professionnel et travaillais dans un centre d'appels mais j'ai quitté cet horrible boulot et me suis mis sérieusement à l'art. Il y a dix ans, aucune famille n'aurait laissé son enfant se diriger tranquillement dans cette voie car ce n'était pas une vraie carrière. Aujourd'hui il y a même des possibilités d'étudier le design graphique." explique Eric, 28 ans.


Sameer Patange et Eric Jason D'Souza à Bhendi Bazar : tatoueurs
Sameer a été formé à l'ancienne, par le pionnier du tatouage indien. "J'ai 16 ans, mes copains sont fans de Axl Rose et BonJovi, le glam rock style était un vrai phénomène dans l'Inde des années 80. Ils veulent les même tattoos que leurs héros et me demandent de dessiner les motifs pour eux. "
Ils décident d'aller voir le Dr J.A. Kohiyar, un psychiatre et collectionneur qui a appris à piquer à Londres en marge de ses études. "Quand il est revenu à Bombay en 1973, il a commencé à tatouer des flashs old school à domicile. Il est considéré comme le premier tatoueur "moderne" en Inde. Le Docteur a été impressionné par mes dessins alors il m'a embauché comme assistant. Il a aussi formé Anil Gupta, qui plus tard est devenu une super star à New York. «


"Kohiyar est une légende dans l'histoire de l'Inde. Je refuse de recouvrir ses tattoos quand des gens viennent me voir pour des covers, ça serait irrespectueux" glisse Eric.
Sameer nourrit sa culture artistique, admire les collages de Dave Mc Kean et les sketches de super-héros de Jim Lee, tout en passant ces week-ends chez le docteur, qui le laisse tatouer au bout de deux ans. "J'ai tout appris avec mon maître. Je suis ouvert à tous les styles mais j'adore le réalisme, les défis techniques et l'émotion portée par le fait de tatouer un portrait. Et j'aime toujours autant le fait que le soir quand les gens rentrent chez eux avec leur nouveau tatouage, ils parlent de vous et soient heureux. »

Sentant qu'il est prêt, le docteur le laisse partir et trouver sa voie. "J'ai eu beaucoup d'exposition médiatique après avoir été intronisé plus jeune tatoueur moderne en Inde, à 20 ans, mais j'ai véritablement intégré le monde du tattoo en 2004. C'était encore tellement radical à l'époque de se faire tatouer." En 2008, Sameer ouvre son propre studio, Kraayonz Tattoo Studio. Depuis, il a ouvert trois nouveaux shops, à Bangalore, Pune, Goa, l'autre ville-phare du tattoo en Inde, temple de la trance et paradis des hippies. Il emploie 15 à 20 personnes, gère l'apprentissage de plusieurs tatoueurs, et assure environ trois sessions tattoo par mois. Tout en étant un des tatoueurs préférés des stars de Bollywood…

Le premier shop de Sameer se trouvait en face de la cour de justice. Un jour, Salman Khan, un des acteurs les plus connus et controversés du pays, sortait de son procès pour avoir percuté et tué des gens sans-abris dans la rue avec sa voiture. "Pour se calmer, il est rentré dans ma boutique et a demandé un tatouage" se souvient Sameer. Depuis, des dizaines de stars ont débarqué chez lui. Sameer ne se déplace pas, refusant les traitements de faveurs et tatoue uniquement dans son shop, sauf quand il est appelé sur des tournages de films pour dessiner des tatouages temporaires. "J'emmène toujours toute mon équipe. J'aime bien que mes gars voient la même chose que moi et découvrent différents univers ».


Les débuts à Bombay
Sameer se souvient des débuts d'Eric, qui venait juste de finir son premier apprentissage avec Vikas Malani (Body Canvas) : "Eric était mon étudiant le plus sincère, appliqué... et super populaire auprès des filles. Un bon atout pour le shop !". Eric reste cinq ans chez Kraayonz Tattoo : "A l'époque nous n'étions pas exposés aux conventions de tattoo alors notre principale source d'inspiration était Internet. Sameer regardait les portfolios d'artistes du monde entier puis nous apprenait les lignes, style par style. J'ai commencé par le black and grey shading, puis le traditionnel et enfin le réalisme, ma spécialité aujourd'hui."


Dans le shop de Sameer à Pune, Eric rencontre Aishin Diana Chang, qui gérait depuis 2008 une autre boutique dans cette ville étudiante. Le jeune couple revient à Bombay en 2013 et ouvre ensemble Iron Buzz Tattoos. Diana, 33 ans, petite-fille d'immigrants venus de Hong Kong, croit dur comme fer dans les promesses de la ville des rêves, le surnom de Bombay : "Si on travaille dur, on y arrive." assure t-elle. Alors le jeune couple travaille six à sept jours par semaine pour faire tourner leur entreprise et payer les 2500 dollars de loyer du petit bâtiment qui leur sert de shop et d'appartement. Bombay, Maximum City, est aussi la capitale financière et donc la ville la plus chère du pays où la simple question du logement étrangle les jeunes ambitieux. Mais Eric et Diana tiennent bon et en juin 2016, ont annoncé l'ouverture de leur deuxième shop à Pune.


Aujourd'hui artistes accomplis, les Bombay Boys veulent professionnaliser et faire grandir la scène qui leur a tant donné. Le déclic ? La convention de Katmandou en 2015, où une trentaine de tatoueurs indiens avaient fait le déplacement : "Ce qui s'est passé au Népal, ce tout petit pays pauvre et dysfonctionnel qui organise une convention géniale depuis six ans, a été une grande inspiration pour nous et nous a poussé à nous bouger pour organiser un événement de qualité" explique Sameer.
L'Inde a bien eu une convention dès 2011, organisée par un fournisseur, mais le show burlesque avec des filles dénudées n'est pas bien passé. "Trop tôt pour l'Inde !" s'exclame Eric. "New Delhi est une ville politique et orthodoxe, c'était trop osé. Des groupes manifestaient devant la convention avec des panneaux 'Stop this dirty dancing !', c'était chaotique".

Pour Sameer, le cheminement a véritablement commencé à la convention de Singapour en 2010. Il regarde Bob Tyrell travailler, un moment-clé dans sa vie, puis sympathise avec Paul Booth. En décembre 2015, le pape du black and grey accepte l'invitation à la convention de Delhi, co-organisée par les shops Kraayonz et Devil'z Tattooz (Delhi). "Il voulait profiter de l'Inde et voir le Taj Mahal. Il a adoré, il nous a même offert un tatouage sur l'avant-bras en remerciement."

La convention est un grand succès : "Cette ville est bien plus conservatrice que Bombay mais paradoxalement elle est aussi menée par le bout du nez par l'industrie de la mode. Si un mec a payé 10 000 roupies son tattoo, son voisin va vouloir le même mais le payer 20 000 roupies, juste pour se la péter. C'est une ville dans laquelle les gens font des trucs pour être vus. C'est peut-être pour les mauvaises raisons mais pas un seul artiste n'est resté les bras ballants pendant le week-end."
Sameer se souvient de jours moins glorieux : "Je restais debout jusqu'à 3-4 h du matin pour appeler des Européens ou des Américains et les inviter à notre convention, la plupart d'entre eux me riaient au nez en entendant le mot "Inde". Nous avons encore une sale réputation et ça me rend parfois amer qu'on soit considérés comme de crades amateurs. Certes l'Inde est pauvre mais a une telle profusion artistique à faire valoir, nous sommes une civilisation incroyable. Mon ambition est que l'Occident regarde l'Inde de façon respectable. "


Le prochain défi est aussi de remettre au goût du jour le tatouage ethnique indien, source d'inspiration évidente mais trop peu valorisée. "Peut-être que si Angelina Jolie était venue se faire tatouer au Rajasthan et pas en Thaïlande, ça serait le tatouage ethnique indien qui aurait connu un boom et non le sak yant. Un proverbe à Bombay dit "Ce que tu vois est ce tu vends" : Les gens veulent du glamour alors on leur vend du glamour. Le tattoo tribal indien deviendra tendance quand des stars ouvriront la voie."


"Bollywood, le cricket et la religion, voilà les trois passions de l'Inde..." résume Sameer, ne blaguant qu'à moitié. "Un jour j'ai tatoué le portrait de Hrithik Roshan, un acteur, sur un mec qui était complètement fan de lui. A un moment, il a compris que j'avais également tatoué Hrithik Roshan, il s'est prosterné devant moi et s'est accroché à mes jambes en gémissant "Oh mon Dieu, tu l'as touché, c'est incroyable !".
Dans les villes, le tattoo est définitivement entré dans la pop culture, ce qui assure du boulot aux 15 000 tatoueurs professionnels que compte la scène contemporaine indienne, selon les estimations du blog Tattoo Cultur en 2016.
L'équipe de Eric Jason D'Souza


















Indian Ink : Chapitre 4 - Cultures Kondh
Texte : Laure Siegel / Photographies : Tom Vater
Dans l'ancien royaume indien de Kalinga, l'histoire est inscrite sur le corps des femmes : motifs religieux, charmes d'amour, symboles tribaux apaisent les dieux et forgent l'identité. Périple au coeur de l'extraordinaire diversité ethnique qu'offre la région rurale de l'Orissa, à la rencontre des communautés Kondh qui tentent de préserver leurs terres et leurs coutumes dans une Inde happée par le développement à marche forcée.

En Asie du sud, les tribus et certaines castes hindoues cultivent leur propre tradition de tatouage depuis des siècles - des Kalash au Pakistan aux Newari au Népal en passant par les Nagas en Inde. La pratique du gudna ('brûler l'aiguille' en hindi) permet de créer des bijoux éternels qui résistent à toutes les infortunes de la vie et a particulièrement été appropriée par les populations indigènes. Les Adivasis, littéralement les "habitants originels", représentent un quart de la population de l'Orissa, un pays de collines à l'est de l'Inde bordé par la baie du Bengale. L'Orissa est une région gorgée de ressources - minéraux, forêts, terres fertiles - mais en proie à des fléaux naturels - cyclones, inondations, sécheresses - et de sérieux problèmes économiques - pauvreté, manque d'éducation et d'infrastructures.

Rituel Spirituel
Noyen, 35 ans, vit de la pêche et de menus travaux sur les bords du lac Chilika. Elle s'est faite tatouer une petite swastika sur la main à huit ans. C'est le motif qui orne également les pots contenant l'eau sacrée pendant le Pūjā, qui désigne tout rituel spirituel conduit pour honorer les dieux, du bain sacré à la rivière le matin à la naissance d'un enfant ou le lancement d'un business. "Ces marques devaient protéger les enfants des fantômes et des mauvais esprits. D'abord on gratte la peau avec une feuille irritante jusqu'à que la chair soit à vif. Puis le tatouage est incrusté avec un clou. Pendant quelques jours, la peau est boursouflée et l'infection permet de propager les lignes sous la peau. Quand certaines filles ont trop mal et s'agitent, leurs jambes et bras étaient attachés au lit", se souvient Noyen.

Dans cette région du sud de l'Orissa, la plupart des personnes largement tatouées sont des femmes et ont été tatouées par des femmes, même si les hommes se gravent parfois des signes religieux ou leur prénom sur le bras. La connaissance de l'art du tatouage se transmettait de mère en fille et ces femmes, sédentaires ou nomades, étaient rémunérées en poignées de riz, de chili, du curcuma ou plus tard, en petite monnaie.

Jour de marché pour Nibajina Pradhan, 50 ans, qui est descendue des collines pour vendre ses produits agricoles. Quand elle a eu dix ans, ses parents l'ont emmenée chez la tatoueuse. "J'étais effrayée mais je n'avais pas le choix, c'était la règle au village. Aucune belle-mère n'aurait voulu de moi si je n'avais pas eu le visage tatoué." En effet si la coutume n'était pas respectée, les beaux-parents se voyaient le droit de traiter les parents de la fille de pauvres et de se plaindre qu'elle ait été amenée à eux comme un homme. Ce tatouage facial géométrique est aussi vu comme un moyen d'effrayer les tigres mangeurs d'hommes, qui rôdaient encore il n'y a pas si longtemps dans les campagnes indiennes. Et parmi les castes inférieures, se faire tatouer était considéré comme une nécessité pour échapper au châtiment du pays des ténèbres, car les démons de Yama, dieu de la mort, ne dévorent que ceux qui ne sont pas marqués.



Dans son village, les femmes se font tatouer entre sept et douze ans, le visage en priorité puis parfois les bras et les jambes. Trois à quatre filles sont tatouées par jour pendant des sessions d'une heure, principalement en hiver, le climat étant plus propice à la cicatrisation que pendant la mousson. "J'ai été tatouée avec six aiguilles attachées ensemble, trempées dans une mixture de suie et de sève de bananier." explique Nibajina Pradhan. D'autres mixtures contiennent du jus de bétel ou encore du lait maternel.
Les Desia Kondh
Le voyage se poursuit vers le village de Siliki, entièrement peuplé de Desia Kondh, une des trois grandes sous-catégories qui forment le groupe ethnique des Kondh. Dix-huit familles habitent à Siliki, et elles ont toutes accueilli la Vierge Marie dans leurs prières. En Orissa, c'est le protestantisme qui a su parler aux âmes en peine. Aujourd'hui c'est dimanche et c'est l'heure de la messe. Chacun a apporté son cahier d'écolier recouvert de papier journal pour en protéger la couverture, qui contient les principales prières écrites en Kuvi, la langue des Kondh.

"Johari, Johari !" Les paroissiens entonnent ce mot en choeur, un terme utilisé par toutes les tribus indigènes de l'Orissa et du Chhattisgarh voisin pour saluer et remercier. Les guides touristiques payés pour faire visiter leurs villages les présentent comme des gens joyeux qui aiment danser et chanter. Mais les Adivasis ont de moins en moins la foi et l'énergie à faire la fête.

Marnali Maji, plus de 60 ans selon ses dires, a quatre filles, toutes tatouées, et deux fils. Elle se remémore l'enfance : "Petites, entre copines, on se perçait les oreilles et on se tatouait des petits points sur les bras pour s'habituer à la douleur et passer le temps". Les Kondh estiment que la brutale expérience du tatouage facial prépare les filles à la maternité tout en leur donnant la force et le courage d'affronter les défis de la vie.


"Nous aimerions beaucoup continuer cette tradition et portons beaucoup d'intérêt à notre histoire du tatouage mais des officiels patrouillent dans le village en nous disant ce qu'il faut faire et pas faire..." soupire Marnali Maji. Cette pression condescendante des autorités, politiques et religieuses, couplé à la disparition des dernières tatoueuses de village explique pourquoi il est devenu rare de croiser des jeunes femmes tatouées dans le visage de moins de 30 ans. Le gouvernement a proclamé l'interdiction de ces tatouages ancestraux dans les années 70 mais c'est davantage la volonté désespérée de se fondre dans la masse de la grande nation indienne que le respect de la loi qui a mis un terme à cette pratique.
Les tensions politiques entre les Indiens hindous et les minorités animistes ou chrétiennes sont fortes, aggravées par une insurrection marxiste qui n'en finit pas de déstabiliser la région. En juillet de l'an dernier, six personnes de l'ethnie Kondh ont été tuées par les forces de police. Ces femmes et enfants rentraient du marché où ils étaient allés vendre leurs produits et sur le chemin du retour, leur tuk-tuk a été mitraillé par les militaires, qui ont assurés les avoir confondus avec des combattants marxistes.
Les tribus indigènes sont vues comme complices des Naxalites, une guerilla régionale engagée dans une lutte pour l'autonomie, car ces combattants trouvent parfois refuge dans les villages reculés des minorités ethniques. La photo du visage d'une des victimes, tatoué et ensanglanté, a fait la une des journaux locaux pendant plusieurs jours, symbole de la souffrance des Adivasis et de l'extinction de leur culture.
"Nos tatouages faciaux sont notre identité. Ils nous permettent de nous reconnaître entre nous dans l'au-delà, une fois que nous entrons dans le monde des esprits. Ils sont ce que nous sommes. Si cette particularité nous est enlevée, nous ferons partie de la majorité et serons comme tous les autres." assène Marnali Maji.













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Le guide du routard tatoué
( Sous-continent indien )
Texte and photographies : Laure Siegel & Tom Vater
Un milliard et demi de personnes, des centaines de langues, une multitude de croyances et de religions, de climats, de géographies, de cultures et de politiques : bienvenue dans le sous-continent indien, un tourbillon d'idées et de couleurs, de saveurs et d'odeurs et probablement l'endroit le plus visuellement stimulant au monde. Depuis la nuit des temps, l'Inde se tatoue.
Nous avons slalomé entre les tatoueurs de rue du temple de Madurai, a rencontré des militants politiques prêts à se faire tatouer le visage de leur championne, a découvert le plus grand centre de tatouage du monde dans un parking souterrain de New Delhi, a arpenté les marchés de l'est de l'Inde tenus par de fières femmes arborant des tatouages faciaux, a fêté le Ramadan à Bombay avec les artistes Sameer Patange et Eric Jason D'Souza et a documenté les débuts de la scène sri lankaise au milieu de la jungle.

Contes de la rue
La vaste population de l'Inde se fait tatouer dans la rue pour une poignée de roupies ou lors de grands événements religieux, politiques ou culturels. Mais l'offre à destination des plus aisés s'élargit depuis quelques années. Dans les grandes villes comme Bombay, Pune, de jeunes artistes investissent dans des shops ultra-modernes, tandis que des conventions internationales de tatouage attirent les foules à Katmandou, Goa et Delhi. Entre ces deux extrêmes, la classe moyenne émergente se fait piquer dans des boui-boui qui prolifèrent dans les sous-sols des centres commerciaux, un phénomène qui a accompagné plus ou moins gracieusement l'explosion du tatouage contemporain en Inde.
Chapitre 1 - Street tattoo à la sortie du temple
Chaque jour, des milliers de fidèles viennent prier au Meenakshi Amman, le temple hindou le plus important de Madurai, grande ville du Tamil Nadu au sud de l'Inde. Autour de l'édifice coloré, un marché festif prend place tous les matins : produits domestiques, jouets, vêtements, souvenirs religieux, snacks et bonbons, coeurs en plastique, tout est disponible au mela quotidien.



Inde : guide du routard tatoué
Juste devant la porte principale du temple, une famille de tatoueurs itinérants a répandu sur le trottoir ses tampons en bois sculptés à la main : icônes religieuses, motifs tribaux, emblèmes de partis politiques, visages d'acteurs et de sportifs. Les tatoueurs de rue font partie d'une communauté nomade qui peut être assimilée aux gitans du sous-continent. Dans les campagnes, ils exercent encore la profession de charmeur de serpent et vont de village en village offrir leurs spectacles.
Le jeune marié Navaneetha veut se faire tatouer le nom de sa femme, Jothi, sur la poitrine. Il est accompagné par ladite Jothi, venue apporter son soutien moral. Cinemaguru, son frère Jagannath et son cousin Cinemani, travaillent sur les trottoirs du pays depuis des années. Au stand d'à-coté, la sœur de Cinemaguru propose des menhdi, tatouages temporaires ornementaux au henné. Traditionnellement obtenus à partir d'une pâte végétale, ils sont de plus en plus composés de colorants chimiques qui brûlent la peau mais restent incontournables pour être la plus belle pour aller danser aux mariages.


Inde : guide du routard tatoué, le rapport au client
Le client et l'artiste s'accordent sur un prix de cinquante roupies (70 centimes d'euros) et Cinemaguru prépare son équipement : une aiguille tâchée alimentée par une batterie de moto, à l'abri dans un sac plastique, et une bouteille d'encre noire, achetée dans un magasin de fournitures de bureau. Navaneetha ne demande pas une nouvelle aiguille et Cinemaguru n'en offre pas.




Les dermatologues et tatoueurs qui travaillent dans des shops aux standards internationaux déplorent l'existence de stands tels que celui de Cinemaguru. Le manque d'hygiène présente un fort risque de contracter un certain nombre d'infections cutanées ainsi que le trio infernal hépatite B - tétanos - VIH. Mais la grande majorité de la population peut seulement se permettre de consacrer quelques dizaines de roupies pour un tatouage et tant que le prix de départ d'une pièce dans un shop décent sera de 1500 roupies (20 euros) et que les Indiens gagneront un salaire moyen de 9000 roupies (125 euros), les tatoueurs de rue auront encore de beaux jours devant eux.
Cinq minutes plus tard, Cinemaguru a fini, Navaneetha est extatique et Jothi soulagée. Cinemaguru applique de l'huile de coco avec un chiffon sale sur la plaie et se prépare pour son prochain client.
"Mes tatouages sont populaires car ils sont bon marché et j'ai beaucoup de motifs disponibles. C'est le seul moyen d'expression personnelle pour les pauvres" conclut t-il.






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Mon corps, mon passeport
Part. 1 Les Ibans de Bornéo font revivre la tradition du tatouage
Texte : Laure Siegel - Photographies : P-Mod (Bornéo, Décembre 2015)
Peuple de pirates et de chasseurs de têtes, de bûcherons et de planteurs, voyageurs infatigables, les Ibans de Bornéo font revivre la tradition du tatouage pour retrouver une identité perdue dans les limbes de l'Histoire. Rencontre avec les anciennes générations, dont l'armure de pantang ou kelingai, tattoos en langue locale, représente un carnet de route autant qu'une protection spirituelle.

Lorsque notre pirogue touche le banc de sable, la nuit tropicale est tombée sur la jungle dense. A cette heure-ci, il n'y a plus que le sifflement des pythons, le bruit du vent, le clinquement des verres de langkao- l'alcool de riz local – le crissement des clopes phillipines et les histoires d'antan pour briser le silence. Les membres de l'ethnie iban vivent traditionnellement dans des longhouses,grandes maisons en bois sur pilotis qui s'étire le long d'un couloir commun et abrite environ 25 familles.


Certaines d'entre elles sont seulement accessibles par la rivière, parce qu'il n'y a pas de route ou parce que la route est régulièrement bloquée par des glissements de terrain. Chaque longhouse est représentée par un tuai rumah, chef dont le patronyme donne son nom au village. Ici US n'est pas l'acronyme des Etats-Unis mais signifie Ulu Skrang, toute la zone au-dessus de la rivière Skrang.
Par commodité administrative après l'indépendance, le gouvernement malaisien a regroupé plusieurs tribus sous l'appellation Iban, qui compte au moins sept sous-groupes avec chacun leur dialecte, dont les Skrang. Les Ibans représentent un tiers de la population de l'Etat du Sarawak et sont aussi appelés Sea Dayaks.
Originaires de Java ou du Yunnan chinois, les Ibans sont arrivés au XVIe siècle par le Kalimantan, la province du sud de Bornéo aujourd'hui indonésienne. Fidèles à leur réputation de féroces conquérants, ils ont rapidement dominés les autres tribus de la quatrième plus grande île du monde et au passage, ont adopté et adapté leurs différentes traditions de tatouage.
Assis sur une paillasse tressée dans la longhouse de Mejong, à quatre heures de Jeep de Kuching, Maja, un vieux monsieur aux yeux bleus très clairs raconte.


Les villageois l'appellent « Apai Jantai », soit « Le père de Jantai ». A la fin de la Deuxième guerre mondiale, il a été envoyé par le gouvernement dans l'Etat voisin du Sabah puis dans le protectorat du sultanat de Brunei pour travailler comme bûcheron. « C'était le seul boulot envisageable pour les hommes du Sarawak. Le poivre ne rapportait pas assez d'argent car notre village n'avait pas les moyens d'aller le vendre aux marchands de la côte.» explique t-il.

Des générations entières d'hommes ont pris la route, pour dix ou quinze ans, pour 500 à 1000 RM (100 à 200 euros) par an, couper des arbres à la machette à Sabah, s'échiner dans les ports pétroliers de Brunei ou être un rouage de l'industrie du gaz à Singapour pour les plus téméraires. Ils revenaient tous les trois ans environ, pour saluer leurs parents, se marier et concevoir un enfant avec leur femme.
Pendant ce temps, les femmes allaient aux champs, dans les plantations de poivre, de riz et d'hévéa, élevaient les enfants, tissaient paillasses et vêtements. Chaque fois qu'ils revenaient, les hommes étaient de plus en plus tatoués.

Bunga Terung
Traditionnellement les jeunes Ibans commencent par se faire tatouer un couple de bungai terung, un sur chaque épaule, inspirés d'une fleur d'aubergine locale, labrinjal. Il symbolise le passage à l'âge adulte, signifie son respect aux valeurs morales du village et signe son départ pour le belajai, voyage initiatique.
Ces tatouages sont opportunément placés à l'endroit des lanières d'un sac à dos en osier, qui accompagnera le jeune Iban dans son expédition de « découverte du monde ». Pendant quelques mois ou quelques années, il marche de longhouseen longhouse, offre son aide dans les tâches du quotidien, affine sa connaissance de sa propre culture, écoute les anciens et en retour reçoit des tatouages.
Pendant le XXe siècle, ce belajais'est transformé en pèlerinage de l'intérimaire, de boulot en boulot, avec toujours cette recherche du prestige social.
Plus l'homme accumule les tatouages, plus il devient désirable aux yeux des femmes de la communauté, car ses marques sont le symbole des obstacles surmontés et de la richesse accumulée.

Le tatouage Iban de Bornéo
Son corps devient le journal de ses voyages et accomplissements. C'est un carnet de route, un passeport, un signe fort d'identification, qui permet aux Ibans de se reconnaître entre eux. Sur le bras de Maja, une phrase : « Salamat kasih semua urang » qui signifie « Merci tout le monde », tatoué à la ville de Julau. Souvenir de tous les endroits visités, le tatouage s'échange à l'époque contre un crâne d'animal ou d'homme, une amulette ou un couteau (pic 1869). et accomplissements.
C'est un carnet de route, un passeport, un signe fort d'identification, qui permet aux Ibans de se reconnaître entre eux. Sur le bras de Maja, une phrase : « Salamat kasih semua urang » qui signifie « Merci tout le monde », tatoué à la ville de Julau. Souvenir de tous les endroits visités, le tatouage s'échange à l'époque contre un crâne d'animal ou d'homme, une amulette ou un couteau (pic 1869).
Le métal a une forte valeur, base de la fabrication des armes et ses outils, mais est aussi offert à l'artiste pour que son âme ne ramollisse pas et qu'il reste dur au fond de lui. Il faut de la force pour tatouer des corps entiers à même le sol, simplement muni de deux sticks. « Quatre personnes m'ont tatoué simultanément le dos pendant plus de dix heures. Pas avec de l'encre, mais de la suie de bougie. J'ai bu beaucoup de langkao pour supporter la douleur. » se souvient Maja.

Son dos forme l'arbre de la vie, l'histoire de son existence. En haut, deux ketam belakang, motif inspiré par la forme d'un crabe qui représente pour lui un rabot, l'outil pour travailler le bois, symbole de ses années de bûcheronnage. Apposé sur le bras, il est alors appelé ketam lengan. Au milieu du dos, un buah engkabang, graine d'érable qui tombe en « hélicoptère », le fruit dont les Ibans tiraient le beurre et l'huile.
Plus bas, les quatre fleurs complètent le motif de façon esthétique. Sur son torse, Maja porte une petite étoile... C'est un avion, précise t-il. « La première fois que j'en ai vu passer un au-dessus de la jungle, c'était un objet très mystérieux pour nous alors je me le suis tatoué pour ne pas oublier ». Une grande partie des croyances et pratiques ibans est liée à une interprétation libre de l'environnement.
Dans certains villages, les vieux écoutent encore le chant des oiseaux pour les aider dans leur prise de décision quotidienne et fabriquent des amulettes avec ce qui les inspirent dans la jungle, les pierres et fruits étant des cadeaux des divinités.



Pour Rimong, 70 ans, l'étoile au milieu des fleurs de son dos représente une émotion précise. « Parce que j'adorais regarder les étoiles le soir avec mes amis. C'est un souvenir qui m'emplit de joie ». Autant pour les tatoueurs que pour les tatoués, la signification de chaque pièce fait la part belle à l'interprétation personnelle. Sur son bras, Rimong porte un tuang, motif d'une créature imaginaire sortie de ses rêves.

Les tatouages sont un écho de leurs croyances spirituelles, les motifs étant inspirés par le pouvoir des animaux, des plantes et des humains. Avant de tatouer, on sacrifiait un poulet pour apaiser les esprits et demander l'assentiment des dieux.
Le même rituel que les femmes de la communauté respectaient avant de tisser un pua kumbu, textile sacré utilisé pour envelopper les têtes fraîchement ramenées par les guerriers victorieux et par les chamans avant les cérémonies d'invocation. Avec la ngajat, danse rituelle, le pua kumbuest un autre fort héritage iban.
A l'image du tatoueur traditionnel invoquant les esprits pour être guidé dans sa conception d'un motif, les femmes ibans tissaient des images que leurs ancêtres leur ont montré en rêve.

C'était la kayau indu, « guerre des femmes », pratiquée pendant des générations pendant que les hommes coupaient les têtes de leurs ennemis pour s'attirer les bonnes grâces des dieux lors du combat contre les autres tribus et la récolte du riz.
Les meilleures tisseuses étaient remerciées d'un tatouage sur les doigts pour leur apport décisif au bien-être de la communauté ou d'un pala tumpa, tatouage circulaire sur les avant-bras. Les femmes ibans portant des tatouages traditionnels ont pratiquement disparu aujourd’hui.


Devenu tout aussi rare, le tegulun, tatouage appliqué sur le doigt des chasseurs de têtes victorieux, le seul qui nécessite une cérémonie religieuse. Malgré les traités de paix de1874 et 1924 entre les tribus Dayaks, la chasse de têtes a resurgi de façon sporadique, pour finalement disparaître à partir des années 70.
Plus courant, le Ukir rekong, allégorie d'un scorpion ou d'un dragon sur la gorge, symbole de force basé sur la puissance de ces animaux. Il protège le cou des guerriers contre la lame des tribus rivales, tandis que la nuque est protégée par les cheveux portés longs. Un grand nombre d'hommes partagent aussi le motif du hameçon sur le bras ou la jambe, rappel de leur activité de pêcheur.

Tout ce cosmos a été mis à mal quand les missionnaires chrétiens se sont aventurés dans la jungle pour imposer la parole divine dans ces villages, animistes depuis la nuit des temps. Dans les cuisines, les portraits criards de Jésus et de la Vierge Marie en 3D sont devenus la seule décoration autorisée.

La christianisation à marche forcée à partir des années 60 a créé une profonde rupture dans ces communautés. Aujourd'hui, 80 à 90% des habitants sont convertis dans les longhouses, certains deviennent eux-mêmes prêtres et presque tous vont à l'église le dimanche, présente dans chaque minuscule hameau à côté du terrain de foot.
Dans la longhouse Lenga Entalau, les missionnaires sont arrivés bien tardivement, il y a seulement quinze ans, mais ils ont rattrapés le temps perdu par des mesures brutales.
Tous les anciens ont été forcés à brûler leurs reliques, amulettes, remèdes, crânes-trophées porteurs de vie, ou à les jeté dans la rivière. Certains d'entre eux sont tombés malades à la vue du brasero, comme si leur âme se consumait en même temps que leurs précieux biens. Certains ont résisté passivement, en cachant leur dernier crâne dans un sac plastique au fond de la remise ou en confiant les objets chargés en magie noire au fils parti vivre à la ville.
Bryan n'a pas cédé. A 97 ans, couvert de tatouages, il vénère toujours sept divinités, messagères entre les hommes et Petara, le dieu suprême, ainsi que les différents esprits et fantômes qui composent le panthéon iban.



Les Ibans durant la Seconde Guerre Mondiale
Ses tatouages le protègent contre les mauvais coups du sort, il en est convaincu depuis une histoire entendue pendant la Deuxième guerre mondiale. En 1940, des Ibans sont enrôlés dans l'armée coloniale britannique, où ils forment la majeure partie des troupes assignées à la protection de la côte de Bornéo contre un débarquement japonais.
Peine perdue, l'armée impériale occupe l'île et mène la vie dure aux locaux, affamés, torturés, massacrés. Beaucoup fuient dans la jungle. Vers la fin du conflit, en collaboration avec les Alliés, ils mettent sur pied une guerilla chargée de chasser l'occupant : c'est le Borneo Project.
Les soldats japonais tombent comme des mouches sous les coups des sarbacanes empoisonnées. Bryan est l'un de ces rangers chargés de tenir la ligne contre les Japonais, qui ne sont jamais parvenus à monter jusqu'à Ulu Skrang. « Un jour, un régiment iban est tombé dans une embûche japonaise. Les seuls survivants sont ceux qui ont gardé leurs amulettes et ne se sont pas convertis au christianisme. » affirme t-il.

Aujourd'hui, la jeune génération a pris ses distances avec la religion institutionnalisée et une minorité commence à s'intéresser au passé de ses ancêtres, cette minorité à qui un diplôme ne suffit pas pour prouver sa valeur sociale.
Face aux constantes attaques contre les cultures indigènes, par les religieux qui veulent modeler leur âme, les politiciens qui veulent supprimer leur particularisme, les hommes d'affaires qui ravagent leurs forêts au bulldozer et la mondialisation qui emporte tout sur son passage, le tatouage iban redevient une part de la culture.
Plus communautaire que rituel, plus un signe de défiance envers l'époque qu'un signe d'apaisement à destination des dieux, adapté aux goûts des visiteurs étrangers et parfois vidé de sa substance spirituelle, il reste cependant une importante marque d'identification ethnique face à un monde terriblement uniforme.



Pour aller plus loin
« Iban culture and traditions : the pillars of the community's strength »par Steven Beti Anom, un ouvrage de référence sur l'histoire de ce peuple.
« Panjamon: une expérience de la vie sauvage », par Jean-Yves Domalain, le carnet de voyage culte d'un naturaliste français qui a vécu un an dans une tribu iban à la fin dans les années 60. Bien que marié à une femme iban, tatoué, accepté par la communauté, il a dû fuir pour sauver sa vie, empoisonné par le chaman du village.
Sarawak (1957) et Life in a Longhouse (1962) par Hedda Morrison, une photographe allemande fameuse pour ses rares photos du Pékin des années 30 et 40, puis du Sarawak des années 50 et 60. Elle a vécu vingt ans dans cette région de Bornéo et ses missions photographiques pour les autorités du district de Kuching lui ont donné un rare accès à de nombreuses communautés.







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Hommage au Népal meurtri
Texte : Laure Siegel / Photographies : P-mod / Tom Vater

Bhaktapur, cité médiévale dans la vallée de Katmandou, deux jours avant le séisme
Tous les tatoueurs et voyageurs sur les routes d'Asie se réjouissaient pour fêter la cinquième édition de la convention internationale de Katmandou, devenue incontournable dans le milieu. Le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a ébranlé le pays le samedi 25 avril à midi a mis fin à l'évènement de façon tragique. Un report de la convention, mais surtout un hommage au Népal meurtri.
Plus de 8 700 personnes ont perdu la vie, un demi-million de maisons ont été détruites, des villages entiers ont disparu et un quart des 31 millions de Népalais a été touché directement. Une situation aggravée par un second séisme le 12 mai et d'innombrables répliques. Quelques artistes ont choisi de rester après la catastrophe, pour participer aux opérations de secours et de s'engager pour rassembler des fonds pour les populations démunies, des actions auxquelles vous pouvez contribuer et rendre hommage au Népal.
La salle de bal de l'hôtel Yak and Yeti a reçu ses premiers voyageurs en 1953, lorsque la contrée millénaire a ouvert ses temples et ses montagnes au monde. Deux générations plus tard, l'établissement de luxe a accueilli la cinquième convention de tatouage de Katmandou, frappée en plein cœur par le séisme. Les organisateurs sont prêts à se relever.

Convention de Katmandou, Népal
Vendredi matin, Johann Morel, tatoueur suisse (Steel Workshop) attend ses premiers clients, ses flashs disposés sur la table : « J'ai hâte de les tatouer, car tous les fonds seront reversés à une association d'aide aux femmes et aux enfants, Saathi. Je n'ai pas besoin de cet argent, j'enchaîne avec un guest à Hong Kong et en Suisse j'ai un an de liste d'attente. A 30 euros le motif, j'espère pouvoir leur reverser au moins 500 euros.
Je n'ai jamais été aussi bien accueilli dans une convention, l'équipe de Mohan Gurung est incroyable ». Pour la plupart des artistes présents, « le Népal c'est différent ». Beaucoup vivent sur la route et ils ne viennent pas ici pour le business, au vu des moyens de la population locale, mais pour l'expérience. Katmandou est devenu « la » convention cool, où l'on se promène pieds nus et on rencontre la terre entière, le temps d'une pause soleil sur la terrasse.


Serjiu Arnautu, jeune tatoueur roumain, vient d'ouvrir un shop à Dijon. Il était aussi de la partie à Katmandou avec sa partenaire Tessa Marx (Boubou Daikini), qui pratique le handpoking traditionnel.

L'événement est prisé des randonneurs, de la scène trance de Goa, des diplomates de l'ONU pour son ambiance effervescente mais aussi des familles et bandes d'amis népalaises, et plus seulement des gangsters. Le climat anti-punk s'est définitivement dissipé depuis cinq ans. Pendant que des enfants en costume distribuent des pétales de fleurs, que des danseuses traditionnelles offrent une performance sur la scène, un attroupement de curieux se forme autour du stand de Iestyn Flye (Divine Canvas), qui offre au public une scarification sur la poitrine d'un Népalais aux dents serrées.


La journée s'achève avec l'explosion de joie d'Eric Jason D Souza (Iron Buzz Tattoos), gagnant du premier prix pour une pièce apposée sur l'avant-bras de sa copine.

Aishin par Eric Jason Dsouza, Iron buzz-tattoos (India) Best of small
Le jeune couple, venu de Bombay pour la troisième année, est extatique : « C'est formidable d'être reconnu ici car le tatouage en Inde a encore une très mauvaise image. Depuis 2-3 ans, un boom a donné le jour à environ 15 000 shops mais seulement 150 artistes professionnels. Alors nous travaillons sur un projet avec le gouvernement pour professionnaliser cette activité ». La nuit tombe sur la ville aux fanions, les bars jouent des airs de Janis Joplin, les rues résonnent des klaxons des rickshaws.

MaxWell


Arne tatoué par Dasha, on the road

Réalisation d'un Sak Yant par Triangle Ink, Thaïlande

Mia tatouée par Tattoo Junction, Katmandou

Laura tatouée par Miraj, KTM Tattoo, Katmandou

Black Ink power, Japon

Neil tatoué par Glen Cozen, UK




Jesse tatoué par Daan Van Dobbelsteen - Dice Tattoo, NL

Bras en cours par MaxWell

Gabriel tatoué par Malika - tatouage Royale, Montréal, QC

Guy le Tatooer, quelques minutes avant le séisme...
Samedi matin, Guy le Tatooer, après tant d'années sur la route, prend peu à peu goût aux conventions : « C'est la première année que j'en fais, Bornéo, Londres, Florence, etc. et je cumule avec des projets sociaux en Inde. Au Népal aujourd'hui tous les mecs de la scène musicale veulent se faire tatouer, ils sont très ouverts et ont envie de s'éclater, comme toute société qui a été muselée trop longtemps. Si l'art est bien composé, les Népalais apprécient, c'est un peuple d'artistes ». A ce moment-là, toutes les lumières s'éteignent et deux secondes après, tout se met à valser. Les gens essaient de fuir la terre qui s'échappe sous les pieds, hurlent en courant vers la sortie ou en se plaquant au mur. Tout le monde se retrouve dans la cour, en état de choc. Ajarn Man, un maître tatoueur thaïlandais distribue des amulettes en terre cuite à tous ceux autour de lui en leur souhaitant bonne chance pour la suite.
L'évènement après le séisme


Entre répliques incessantes, conditions de vie précaires, coupure des communications et tristesse infinie, les jours qui suivent sont douloureux. Une quinzaine d'invités choisissent de rester après la catastrophe pour soutenir l'effort de guerre. A Pashupatinath, complexe religieux où les Hindous brûlent leurs morts depuis la nuit des temps, des artistes tatouent des Népalais à la recherche de protection, accompagnés par la foule en deuil le long de la rivière.


Paulo et Ari, tatoueurs, accueillent des Népalais à la recherche d'un tatouage de protection sur un rocher en face de la rivière Bagmati, qui charrie les cendres des morts de Katmandou.
D'autres récoltent des fonds pour acheter des biens de première nécessité et les transporter vers les villages de la vallée de Katmandou ou redistribuent l'argent à des initiatives locales pour la construction de tentes, de toilettes, d'écoles. A New-York, Londres, Southampton, Les Vans, Rottweil, Copenhague, Bangkok, les journées tatouages, piercing, vente de T-shirts, photographies, dessins originaux se multiplient pour financer les actions de reconstruction.
Désormais en guest à Bangkok à Six Fathoms Deep, Max Well et Angie sont restés deux semaines après le séisme. « Lors de notre première convention l'an passé, le Népal nous a changé la vie. C'est une alchimie magique, nous avons vraiment trouvé une famille là-bas. Il faut qu'on y retourne, qu'on finisse les pièces que nous avons commencé. En attendant, nous nous concentrons sur la récolte de fonds à distance ». Ils seront les premiers à s'envoler pour le Népal si une sixième édition fait surface l'an prochain. [IMAGE30]Mohan Gurung et Bijay Shrestha, le duo d'organisateurs, sont déterminés. « Si la situation le permet, nous allons relancer la convention l'an prochain. Après l'incroyable soutien que nous avons reçu de la communauté du tatouage, nous nous devons de continuer cette tradition familiale pour toujours ».
Comment aider le Népal ?

Pour vous aussi aider et rendre hommage au Népal meurtri:
Si vous connaissez quelqu'un sur place qui a besoin d'aide, envoyez-lui de l'argent directement par Western Union. Sinon, privilégiez un collectif de bénévoles qui agit directement sur le terrain ou participez à une action artistique :
#We Help Nepal
> #We Help Nepal : Un réseau sans hiérarchie et sans salaires, fondé par des Népalais et étrangers vivant ou ayant vécu au Népal. Ils se chargent de coordonner les initiatives locales en redistribuant les fonds récoltés via leur plateforme. http://www.wehelpnepal.org/
> Rise for Nepal : Une organisation créée par 200 jeunes volontaires népalais pour reconstruire leurs pays eux-mêmes, sur le terrain.
> Miranda Morton Yap, une écrivaine américaine qui vit à Katmandou et coordonne la levée de fonds pour Helter Shelter et To Da Loo, qui se concentrent sur la construction d'abris et de toilettes.


Rendre hommage au Népal : les tatoueurs, solidaires
Chez les tatoueurs
> Par Steel Workshop (Suisse) : No silence for NEPAL Association
https://www.facebook.com/nosilencefornepal/ - http://www.nosilence4nepal.com/
Soutenir l'association qui reconstruit notamment des maisons dans le district de Gorkha en reversant le bénéfice d'un tatouage - One Tattoo for Nepal : https://www.facebook.com/onetattofornepal
> Par Phil & Joanna Antahkarana (Copenhague) : Tattoo Aid for Nepal, une initiative qui appelle à reverser le prix d'un tattoo dont le design a été composé par les artistes, à Direct Relief, une ONG spécialisée dans l'aide médicale d'urgence.
http://theantahkarana.tattoo/news.html
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ATC TATTOO
Le tatouage en hommage à Alphonse Mucha
Par DHK
Le tatouage en hommage à Alphonse Mucha s'expose ! C’est à l’initiative de Pascal Bagot, journaliste spécialisé dans la presse tatouage qu’est né cette invitation aux tatoueurs d’envahir le Musée du Luxembourg dans le 6e arrondissement de Paris. Une exposition éphémère de photos de tatouages sur le thème de Mucha et une performance de Henrik Grysbjerg a été organisée à cette occasion. Le samedi 24 novembre dernier (2018).


Le tatouage en hommage à Alphonse Mucha.

Alphonse Mucha est un peintre, affichiste et illustrateur d’origine Tchèque de la fin du 19e et du début 20e siècle. C’est en réalisant les affiches des spectacles de Sarah Bernhardt qu’il trouvera la célébrité et deviendra par la suite l’artiste le plus reconnu de l’art nouveau. Ses dessins, avec des lignes soutenues et des ornements en background s’accordent avec brio ( avec qui ?) au tatouage. Le tatouage, pour résister aux années et aux soleil, a besoin de contraste et de lignes nettes. Mucha devient une vraie source d’inspiration pour les artistes tatoueurs. Et les nombreuses oeuvres présentées lors de cet événement le prouvent.



A cette occasion une performance autour du tatouage a été réalisée par Henrik Grysbjerg, célèbre tatoueur Toulousain. Durant près de trois heures il a customisé l’affiche de l’expo avec un superbe dragon japonais à l’aide d’une tablette graphique projeté sur grand écran.




Tatouage et Mucha
On a pu admirer en plus de la superbe expo d’Alphonse Mucha, des photos de tattoos effectués par Samoth, Lionel Mr Biz, Alix Gé, Roberto Dardini, Easy Sacha entre autres. C'est ainsi qu'à cette occasion de nombreux artistes tatoueurs étaient présents qui avaient ou non participé à l’événement. Une soirée bien sympa qui nous permis de visiter l’expo Mucha en toute tranquillité. Merci à Pascal Bagot pour ce moment de tatouage en hommage à Alphonse Mucha.


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ATC TATTOO
Report : Mondial du Tatouage 2018
Texte : DHK
Mondial du Tatouage 2018: le report ! ATC Tattoo c'est rendu au Hall de la Villette pour la convention de tatouage du Mondial du Tatouage 2018. Ainsi, on y retrouve plus de 300 tatoueurs mais aussi une belle quantité de tatouages piqués. Le tout, lors de ce week-end de mars.
Une convention de tatouage comme on en voit peu. Le Mondial du tatouage 2018, nous aura encore une fois cette année, mis plein les yeux. Avec le corps fatigué et le sourire au lèvres, on repart bien décidé à arpenter le Hall de la Villette l'an prochain !
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ATC Tattoo
Evian Tattoo Show 2016
Texte : DHK / Traduction : James C.
Cela fait déjà trois années consécutives que ATC Tattoo se rend à Evian Tattoo Show 2016 pour un compte rendu. C'est bien parce que la convention de tatouage est un incontournable en France. On a pris beaucoup de plaisir durant ces trois jours et on a découvert de nombreux artistes et retrouvé des tatoueurs, déjà présents les années précédentes. Mais surtout, la ville, la salle et l’organisation sont toujours aussi accueillantes. Une convention à ne surtout pas manquer.



Une neuvième édition
Pour cette neuvième édition du Evian Tattoo Show 2016, l'évènement a réuni, comme chaque année, une belle affiche d’artistes du style « new-school »: Jamie Ris, Timmy B, Mike Woods, Tony Ciavarro ainsi que Teresa Sharpe, Dimitri Hk, Fabian Lucky 7, Jérome Crazycaps, Leo Valverde, Andrea Lanzi « AntiKorpo », Nathan Evans, Erin Chance, Petja Evlogieva, Elvin aka Sid L-boy, Jérôme Siempre Tattoo, Lindsay Baker etc. D’autres genres étaient aussi à l’honneur comme le tattoo réaliste avec Thomas Carli Jarlier, Thomas Dermhospital, Snatch Tattoo, Tzenio Dildo studio par exemple. Cependant on a aussi admiré les superbes tatouages de Nicklas Westin, Jonathan « Earth Grasper », Christian « L’encre du peuple », Jason Martinelli, Steven Compton, Brandon Schulteis.
En d'autres termes, on a pu y retrouver plus d’une centaine de tatoueurs venus des quatre coins de la planète. Le tout lors de cette convention Evian Tattoo Show 2016.



Côté show, il y a eu des représentations de néo-burlesque de la jolie India. En plus de nombreux concours ont occupé la scène durant le week-end à Evian Tattoo Show 2016, avec une qualité de tatouage rarement égalée en convention. On en a pris plein les mirettes !
Une grande salle mise à la disposition des fournisseurs de matériel et de nombreux stands de « merchandising tattoo » étaient aussi présents, ainsi qu’une exposition d’une vingtaine de peintures du tatoueur Dimitri HK.


After party - Evian Tattoo Show 2016
Les « afters » de la convention ont été fortement arrosés. La ville d’Evian comme à son habitude a su recevoir ce superbe événement tatouage. Les restaurants et les bars ont servi tard et avec patience pour tout ce public colorié, un peu différent et peut-être plus bruyant que celui des cures thermales.

Encore une réussite pour Dats, l’organisateur de cette convention tattoo, déjà en préparation pour la prochaine. La convention d’Evian fêtera sa dixième édition. C'est pourquoi, on attend une affiche impressionnante pour cette date anniversaire. Bravo encore à toute l’équipe de l’organisation. En effet, rappelons aussi que Dats organise la convention de « TAHOE » dans le Nevada aux Etats-Unis. En pourquoi : les 18,19 et 20 août prochains : Atc tattoo s’y rendra et en ramènera de jolies images, à bientôt.




Femmes Chin : signification 










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Les Desia Kondh




































































